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Entretien avec Odile Nguyen, chargée de formation, conservateur des bibliothèques

 

Parcours et activités professionnelles

Odile Nguyen est aujourd'hui chargée de formation à Grenoble. Après un bac scientifique, Odile Nguyen part à l'Institut d'Etudes Politiques à la suite duquel elle obtient le DESS direction de projet culturel. Pour valider son diplôme et sa formation de conservateur des bibliothèques en parallèle du DESS, elle accomplit son stage à l'orchestre national de Lyon. C'est une expérience très enrichissante mais elle s'est rendue compte que c'était un métier trop prenant pour sa vie quotidienne. Après son diplôme, elle décide de commencer à travailler. C'est comme cela qu'elle se retrouve en tant que remplaçante dans une bibliothèque, ayant un diplôme le lui permettant. Elle se rend compte alors que ce qui lui plait, c'est le contact avec le public.

Après la fin du remplacement, elle part à Troyes où elle intègre l'antenne universitaire en liaison avec Reims. Elle décide ensuite, après 2 ans à Troyes, de passer le concours pour devenir fonctionnaire. C'est ainsi qu'elle mute à Lille dans une bibliothèque universitaire (BU), pendant 2 ans puis 11 ans à la BU scientifique de Grenoble. Aujourd'hui, elle s’occupe des formations continues destinées au personnel de bibliothèque sur différentes thématiques.

Vision du métier

La fonction d'accueil et d'information auprès du public est pour Mme Nguyen le côté le plus valorisant du métier. La démocratisation de l'information permet de rencontrer beaucoup de personnes variées : étudiants, enseignants, professionnels etc. Le fait de pouvoir orienter les gens est quelque chose de très important dans le métier. Il faut savoir ou découvrir ce que le public attend et faire les démarches pour le satisfaire.

Le côté très positif du métier de bibliothécaire est de pouvoir tout le temps réfléchir, ne pas rester végétatif, être toujours en position d'apprentissage, avec notamment beaucoup de formations organisées dans la profession, mais aussi de pouvoir rencontrer des personnes variées. Ce métier donne l'impression d'être en avance sur son temps.

Le métier souffre parfois du quotidien, ce qui empêche parfois de prendre assez de recul sur les activités que les professionnels offrent au public. Cependant, il y a de nombreux colloques en France et dans le monde entier pour penser des bibliothèques du futur avec des initiatives comme les learning center aux Etats Unis.

Selon elle, les trois termes qui décrivent bien la profession sont : adaptation, service et accueil. L’« adaptation », principalement aux nouvelles technologies, aux différents supports et aux publics qui évoluent. Le « service », par rapport à la relative gratuité des offres fournies, afin de mettre tous les publics sur le même plan. Enfin, le terme « accueil », car il ne faut pas se centrer sur le fonds documentaire de la structure mais sur le public, il faut savoir répondre à tout besoin d'information. Une bibliothèque est, pour elle, un centre d'information.

L’évolution du métier et de la vision du public

Il y a environ 15-20 ans, les bibliothécaires en BU ne s’occupaient pas autant des étudiants qu’aujourd’hui. Les étudiants sont aujourd’hui plus autonomes et se contentent de leurs cours. Pour Odile Nguyen, il faut repenser en terme de pédagogie : qu’est ce que l’on peut apporter de nouveau à ces étudiants?

Aujourd'hui, il y a beaucoup de documents en ligne, avec une masse d’information importante. Cependant, les étudiants n’ont pas de notion de droit de l’information et copient souvent ce qu’ils trouvent sur le web. Il faut faire des formations pour le public, mais surtout prendre en compte les modalités de vie. Depuis 15 ans, des modifications ont déjà été mises en place : réservation en ligne, recherche dans le catalogue, extension des horaires, lieux accueillants, libre accès. Globalement les demandes sont plus prises en compte.

En revanche, la vision réductrice que les gens ont sur les bibliothécaires n'a pas changé. La vision sur la profession ne bouge pas, les visiteurs ne pensent pas que la profession se modernise, ni qu'elle est insérée dans la société. Cela dit, Odile Nguyen concède que les bibliothécaires et documentalistes ne se mettent pas assez en avant.

Les préjugés sur les métiers

« - Je suis bibliothécaire.

-Oh ! Tu dois lire beaucoup de livres ?! »

Odile Nguyen ne répond pas toujours à cette question… En effet, c'est pour elle une idée fausse : les bibliothécaires ne passent pas leurs journées derrière le comptoir à lire ou « papoter » avec les visiteurs. Elle pense qu'en étant bibliothécaire, elle doit toujours justifier ses compétences. Tout le monde pense qu'elle a une culture littéraire irréprochable et qu’elle est capable d'analyser un livre. Les gens ont une vision restrictive du métier, ils ne pensent pas que les bibliothécaires ont du travail en dehors de ce qu'ils voient. Par ailleurs, le travail de bibliothécaire n'est pas qu'une partie de plaisir. Pour résumer, il est en quelque sorte un spécialiste de l'information.

Odile Nguyen, en réponse aux termes utilisés par les lycéens pour décrire son métier, dit qu’elle comprend que les étudiants aient répondu « calme ». En effet, on demande toujours de rester calme, les salles de travail sont devenues des salles de silence. Pour elle, il faudrait enlever les interdits ou tout du moins, les reformuler.

Elle s'accorde sur le terme « culture », sauf qu'il faut rester ouvert à tous les publics, on n’est pas tous cultivé de la même façon. On ne vient pas dans une bibliothèque pour trouver des gens qui ont la même culture. Certaines personnes qui ne viennent pas ne sont pas pris en compte et ne se sentent pas à leur place, et c’est dommage.

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Pour accéder aux autres entretiens :

Documentaliste a l'ONISEP

Documentaliste dans un CDI de lycée

Bibliothécaire dans le secteur jeunesse

Magasinier de bibliothèque universitaire

Chargé de formation et ancienne bibliothécaire

 

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